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Entre deux pages...
16 octobre 2010

Jeux de maux

Fragile_II_by_Iza87


_ Tu le regardes, tu ne te vois plus.
C'est ton plus grand désarroi, ce temps qui par son oeuvre a brisé ton miroir. T'a brisée. Il t'a arraché une partie de toi.
Enfants, vous étiez le parfait reflet l'un de l'autre. Vos cheveux et vos coeurs s'emmêlaient sans que rien ne pût en défaire les liens. Tu étais sa raison, il était ta force, la quasi perfection de votre complémentarité faisait de vous un seul et même être, respirant l'affection et l'équilibre. Vos corps et vos âmes étaient si semblables qu'il te connaissait mieux que tu ne te connaissais toi-même, et que ton être se fondait entièrement en lui. Ton frère. Ton jumeau. Toi.
Mais peu à peu, le temps a déchiré cette symbiose. Tu l'as vu déformer vos corps, tu as vu ton reflet se tordre et ton esprit s'éloigner du sien, à ton plus immense désespoir. Tu as vu la vie vous interdire de dormir dans le même lit, tu t'es vue obligée d'apprendre à exister seule. Seule. Et creuse. Rongée jusqu'à l'os par un vide glacial, un mélange grinçant de silence et de peur. Tu ne comptes plus ces longues nuits passées à chercher sa présence au coeur du noir, où chaque souffle sans sentir le sien dans ton cou était une douloureuse brûlure. Tu ne comptes plus le nombre de fois où, aveugle, tu as tendu ton bras et tenté de frôler sa main. Tu ne comptes plus même le temps passé à le regarder, guettant dans ses yeux les éclats de votre enfance. Chaque jour un peu plus vainement.
A force de le regarder, tu n'as pas vu défiler les années. Et très vite est venu pour lui le temps de quitter la maison pour ses études. Le coup ultime porté à ton âme et au lien si fragile qui vous unit encore à votre symbiose passée. Il prend son train demain. Assise dans un coin de la chambre, tu l'observes faire sa valise comme on regarde venir la mort. Tu vois dans chacun de ses mouvements l'ombre de cette dernière nuit que vous passerez dans la même chambre, où comme chaque nuit, tu tenteras de le frôler sans pourtant oser t'approcher de son lit, où tu guetteras le bruit de sa respiration comme une source de lumière dans le noir, tremblante. Chaque instant te frappe et rend plus lourd à ton coeur l'atroce fantôme de votre séparation.
Tes larmes. Tu les as toujours retenues, mais le voyant une fois de plus te tourner le dos pour ranger une chemise, tu ne peux réprimer leur assaut brûlant. Ton corps frêle, d'ordinaire si calme et immobile, semble alors imploser, laissant violemment mais silencieusement jaillir tes sanglots.
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Commentaires
D
Hello belle blonde ben voilà j'l'aisse mon premier com's sur ton nouveau blog. ;) Beeeeen en faite rien de nouveau à dire hein.ça n'a pas changer tes textes pour la plupart excellent ;) continue comme ça!
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